Restaurer une moto ancienne : transformation d’une Yamaha DTMX 125 de 1981 en Scrambler

Déjà motard depuis plusieurs années, j’ai décidé en 2015 de m’intéresser davantage à la mécanique et de mettre un peu les mains dans le cambouis… Je me suis lancé le défi, ce projet, de restaurer une moto ancienne. Je voulais transformer une Yamaha DTMX 125 de 1981 en une pièce unique, un Scrambler (j’ai opté pour une petite cylindrée 2 temps, le plus simple des moteurs, idéal pour apprendre les bases de la mécanique). Dans cet article, je vous explique comment j’ai mené à bien ce projet de restauration d’une vieille moto, de A à Z.

De quoi avez-vous besoin pour restaurer une moto ?

1. Du temps

Se lancer dans la restauration d’une moto ancienne, ça prend du temps. En fonction de votre investissement, vous irez bien sûr plus ou moins vite. Si vous faites ça sur votre temps libre, comme ce fut le cas pour moi, il ne faut pas être pressé. J’ai mis 3 ans à réaliser ce projet, en parallèle d’une thèse de recherche en biologie. Disons que les deux prennent du temps… Certains trouveront que c’est trop long pour restaurer un petit 125cc mais j’ai apprécié chaque moment de travail sur la bécane, et j’ai appris énormément. Si c’était à refaire, je le referais de la même façon !

Tout dépend aussi du niveau de votre restauration. Je voulais un Scrambler bien propre, il était donc important de reprendre tout à zéro. Si vous souhaitez refaire toutes les peintures ainsi que quelques modifications esthétiques, il y a du boulot et du temps à prévoir. Si voulez simplement remettre en route une vieille bécane qui n’a pas tourné depuis longtemps, ça peut aller BEAUCOUP plus vite. L’important je dirais que c’est de prendre du plaisir, d’apprendre en cours de route, et ne pas se précipiter pour éviter les erreurs.

2. Des outils

Les outils, c’est un élément essentiel pour une bonne restauration. Dès qu’on bricole un peu, on comprend vite que chaque outil a sa fonction. Sans l’outil spécifique à l’opération visée, ça se complique. Je vous conseille aussi d’avoir un petit espace dédié à votre restauration, un établi et les outils de base. Avec le temps, vous verrez dans quels outils plus spécifiques vous devez investir…

Si vous vivez dans une grande ville et que vous n’avez pas forcément d’espace, pas de panique ! Je vous incite à vous rapprocher de garages associatifs ou encore, de vous créer votre propre réseau de copains bricoleurs qui, en plus d’être équipés, sauront vous guider dans cette aventure. Vous pouvez aussi traîner dans les bourses et les regroupements de moto anciennes pour créer votre propre petit réseau de connaisseurs.

3. Des compétences

Si vous lisez cet article, c’est probablement que vous voulez apprendre quelque chose de nouveau. Alors les compétences, vous ne les avez peut-être pas encore toutes, là, maintenant, tout de suite. Malgré tout, grâce à notre ami Internet, il est aujourd’hui possible de se lancer dans à peu près tout et n’importe quoi, et d’apprendre « par soi-même ». L’accès à l’information est rapide et gratuit. Finalement, il suffit de se lancer ! Après un tel projet, l’entretien de votre moto sera un jeu d’enfant.

4. Les moyens

Ici, tout dépend aussi du niveau de restauration souhaité et du modèle de moto choisi. Forcément, retaper une moto, ça demande un peu d’argent… Combien ça coûte de restaurer une moto ancienne ?

Je dirais que pour une moto ancienne assez répandue, pour laquelle il est facile de trouver des pièces de rechange, vous pouvez compter un apport avoisinant les 800 € (avec une marge de +/- 200). Avec ça, on remplace les gommes, les freins, les fluides, quelques câbles et on refait quelques peintures. Si vous souhaitez simplement remettre en route une moto dont l’état est déjà correct, vous pouvez vous en sortir pour moins de 400 €. Finalement, le plus dur, ce sera de trouver la perle !

Comment trouver la perle rare : quelle moto ancienne restaurer ?

• Comme je le disais plus haut, je conseille de choisir un modèle commun pour lequel vous trouverez des pièces de rechange facilement (dans les bourses moto, sur Internet)
• Un moteur non serré, qui tourne si possible, avec une bonne compression et pas de blocage au kick (eh oui, il n’y aura probablement pas de démarreur électrique sur une ancienne… C’est ce qui fait aussi son charme, non ?)
• Peu d’oxydation, probablement l’ennemi #1 d’une restauration. Inutile de racheter une épave qui traîne dehors depuis des années… sous la pluie. D’ailleurs, attention aussi à l’air marin qui a tendance à oxyder les métaux de manière irréversible !
• Papiers en règle ! A moins de racheter une moto pour ses pièces, il est conseillé de l’obtenir avec sa documentation. Au risque de ne pas pouvoir rouler légalement sur route une fois la restauration finie, ce serait dommage…
• Pas accidentée ou sans gros dommage. On ne cherche pas une épave, veillez à ce que la partie cycle (cadre, suspensions) soit en bon état.
• Peu de pièces manquantes. S’il manque beaucoup de pièces, ce sera forcément plus compliqué d’assembler le puzzle. Ici, prenez en considération la rareté du modèle pour juger de la rentabilité de l’investissement…

Comment restaurer une moto ancienne, et par où commencer ?

1. La documentation

Avant de commencer, prenez soin de regrouper toute la documentation possible relative à votre bécane. Ici, je parle des informations techniques, pas de l’administratif. La revue technique, ou la revue d’atelier, c’est indispensable. C’est la « bible » de chaque modèle de moto. Ce que votre mécano utilise, en théorie, avant de toucher à votre moto à l’atelier. Regardez aussi s’il y a des forums dédiés à votre modèle de moto, c’est souvent le cas pour les classiques. Il est intéressant de potasser un peu toutes les infos que l’on trouve sur Internet avant de se salir les mains.

2. Le démontage

Le démontage, c’est clairement le plus rapide… A moins de tomber sur des tas de vis rebelles grippées. Auquel cas, il faudra redoubler d’ingéniosité (WD40, marteau, perceuse, disqueuse, Dremel…). On est content de désosser sa moto, et on voit plus clairement les différents éléments qui la composent.

Mais attention, on ne s’emballe pas trop ! Durant cette étape, il est fortement recommandé d’étiqueter tout ce qui vous passe sous la main. Câbles du faisceau électrique, durites et connexions en tout genre. Aussi, prenez un bon stock de photos, pour être sûr de tout remonter correctement. Si, sur le moment, cela vous paraît simple et évident, projetez vous quelques mois ou années plus tard. Cette dernière étape, je ne l’ai pas forcément respectée… Je n’ai même pas de photo correcte de la moto avant la restauration. Un petit regret.

3. Le nettoyage

Restaurer une moto ancienne, c’est souvent synonyme d’un bon gros nettoyage. Une moto peut paraître en sale état mais, une fois le cambouis et l’oxydation retirés, ça peut commencer à ressembler à quelque chose… Pas de secret ici, il faut y passer du temps et des chiffons. Pour le plus gros du boulot, j’ai utilisé un pinceau et de l’essence, très efficaces contre la graisse.

J’aime beaucoup l’aspect du métal brut. En plus du nettoyage, j’ai donc passé pas mal de temps à décaper, poncer et polir. Ici, c’est une histoire de goût. Si vous souhaitez refaire les peintures, il faudra simplement bien nettoyer les surfaces et poncer un peu pour permettre à la sous-couche de bien adhérer.

Parmi les éléments essentiels à nettoyer, il y a le ou les carburateurs. Il suffit parfois d’un bon nettoyage de carbu pour démarrer une moto. On démonte soigneusement le tout, et on laisse tremper dans un bain d’eau et de vinaigre, ou de citron, avant de frotter gentiment avec une brosse à dent. L’idéal pour nettoyer les carburateurs, c’est un bac à ultrasons. Si vous avez la possibilité d’en utiliser un, ne vous en privez pas !

Quels sont les éléments d’une moto ancienne à remplacer ?

Tout est propre et démonté, on y voit plus clair ! L’étape suivante consiste à remplacer les pièces, sans trop se poser de question… Lesquelles ?

• Les freins, un élément vital de la moto et du pilote. Avec le temps, les mâchoires de frein à tambour se délaminent. Idem avec les garnitures des plaquettes. Alors, remplacez moi tout ça ! Même s’il reste du matériel.
• Les câbles de frein. En plus, ça coûte pas grand chose et ça permet une réfection complète du système de freinage. Alors, pourquoi se priver ?
• Pneus et chambres à air. Ici aussi, même s’il reste du matériel, la gomme a tendance à durcir, sécher et perdre ses propriétés avec le temps.
• La chaîne, si elle est rouillée ou qu’il y a des points durs. C’est souvent le cas !

En plus de ces éléments à remplacer systématiquement, il y a les éléments qu’il faut contrôler et remplacer en fonction de l’état. A savoir :

• Bougie(s) et anti-parasites
• Batterie
• Filtre à essence
• Filtre à air
• Filtre à huile
• Segment(s)
• Embrayage

Remontage, tests, ajustements

Après le nettoyage, le contrôle et le remplacement des pièces à changer, place au remontage. Ici, il s’agit de reprendre les étapes du démontage… Mais dans le sens inverse. C’est à ce moment-là que l’on fait appel aux étiquettes et aux photos précieusement accumulées lors du démontage.

Si vous avez fait des petites modifications quant à la performance du moteur, il y aura forcément quelques réglages à effectuer, notamment au niveau des carburateurs. Débrider un pot, modifier la boîte à air, l’admission ou encore, placer un cornet sont autant de paramètres qui impactent la carburation. Vous devrez jouer sur le diamètre des jets, des aiguilles, la hauteur du clip de l’aiguille… Bref, la carburation est une science qu’il convient de tester et retester pour la maîtriser. Je ne la maîtrise pas (encore) mais je vous invite à vous documenter sur le sujet pour y voir plus clair.

Et finitions, l’esthétique de votre projet !

Finalement, une fois que ça tourne, la dernière étape… ce sont les finitions. C’est le côté esthétique et pratique du projet. Pas essentiel pour que la moto tourne mais essentiel pour qu’elle ait de la gueule et qu’elle soit agréable à conduire. C’est le moment de faire parler l’artiste qui est en vous. Si vous souhaitez simplement rénover une moto originale, cette étape consiste surtout à ajuster les commandes pour qu’elles collent à votre physique. Hauteur du guidon, réglages des câbles d’accélérateur, d’embrayage, de freinage, hauteur des leviers, etc.

Voilà, toutes ces heures de dur labeur ont porté leur fruit. Y a plus qu’à profiter de cette bécane presque toute neuve, sourire aux lèvres. Quel régal de rouler sur une moto ancienne que l’on a entièrement restaurée quand même !

Les détails de la transformation de la DTMX 125 en Scrambler

Pour les intéressés, je vous regroupe ci-dessous ce que j’ai changé exactement sur la Yamaha DTMX 125 pour restaurer cette moto ancienne et ainsi atteindre mon objectif, scrambler !

Moteur

• Un embrayage tout neuf
• Nouvelle bougie et antiparasite
• Nouvelles durites et filtre à essence
• Pour que le moteur respire, j’ai retiré les brides du pot détente préalablement décalaminé. Il a fallu le scier et le ressouder. Et j’ai remplacé le silencieux d’origine par celui d’un KTM 125
• J’ai agrandi l’admission et retiré la boîte à air pour la remplacer par un filtre cornet KN
• Nouveaux segments de piston
• Suppression de la pompe à huile, un élément défectueux qui peut coûter cher sur la DTMX… Du coup, on roule au mélange huile/essence, c’est pas forcément pratique mais ça rajoute, encore une fois, un peu de charme !

Partie cycle

• Ici, j’ai voulu surélever un poil la DTMX, j’ai du coup fixé une rallonge de 30 mm directement sur l’amortisseur arrière, entre le ressort et la tête de l’amortisseur
• Pour la fourche avant plutôt molle, j’ai fabriqué des cales de 20 mm d’épaisseur environ avec des rondelles (introduites au-dessus des ressorts)
• De l’huile plus épaisse 10W et des joints spy neufs
• Des gommes Continental Conti Escape et des chambres à air neuves
• Des mâchoires de frein neuves
• De nouveaux câbles (accélérateur, freinage et embrayage)

Esthétique

• Épurage du cadre à la disqueuse
• Décapage et polissage des tambours de frein, des rayons, du réservoir, du carter d’embrayage, des fourreaux de fourche, de la béquille…
• Traitement complet Restom du réservoir (dégraissage, dérouillage et résine), après soudure d’un trou découvert lors de la « restomisation« 
• Peinture haute température du cylindre et du pot détente
• Peinture noire du cadre et de l’amortisseur arrière

• Réalisation d’un support de selle sur-mesure
• Selle cousue à la main, merci maman !
• Réalisation d’un compartiment pour la batterie et quelques éléments du faisceau, à fixer sous la selle
• Bande thermique sur l’échappement
• Guidon de BMW R80
• Confection d’une plaque phare maison
• Nouvelles poignées
• Support de plaque déportée et plaque « collection » noire

Voilà, quand on parle de restaurer une moto ancienne, la liste est longue, et j’ai sûrement oublié quelques détails… Pour être honnête, la moto n’est à ce jour dotée d’aucun éclairage. On est parti vivre à l’étranger après ce projet, et c’est mon père qui en profite aujourd’hui. La moto tourne plutôt bien, même s’il y a quelques ratés au niveau de la carburation… A chaque retour, je prends plaisir à la redémarrer et à faire des petites balades en bord de mer. L’odeur de la calamine sur mes vêtements est devenu un plaisir !