Amérique du Nord Récits de Voyage

Une histoire d’Ouest : road trip en Utah

camping à moto dans l'Utah
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L’appel du Grand Ouest se fait de plus en plus fort. Comme une envie de se perdre au milieu du désert voire de crever un pneu sur une piste isolée, sous 50°C, sans eau… Histoire d’utiliser ce kit de réparation méticuleusement assemblé et vérifié mille fois avant le départ. Cette fois, c’est sûr, il servira ! On part pour un road trip à moto dans l’Utah, Etats-Unis.

Les Magic Mountains au pied de Las Vegas

Nous voilà au dos de la Super Ténéré, notre fidèle destrier qui, chargé comme une mule, a pour mission de nous faire goûter au road trip dans le grand Ouest Américain. Le vrai, le long, celui où tu roules 15 heures pour prendre une photo et puis tu t’en vas. Compas sur l’Est, premier arrêt aux Magic Mountains. Une œuvre d’art singulière, fruit de l’imagination débordante d’un « desert rat » sous acide, dans la même veine que Salvation Mountains. Des rochers empilés et peints de différentes couleurs.

Sous acide ou pas, en plein milieu du désert, on doit dire que ça fait son petit effet (et c’est gratuit). On en profitera pour faire voler le drone qui échappera de peu à une collision avec un hélicoptère.

Nous arrivons ensuite à Las Vegas, on ne se refuse pas une bonne nuit d’hôtel et la possibilité de miser $2 sur le rouge à la roulette (on aime vivre dangereusement). Jusque-là, tout va bien. Rien à signaler si ce n’est qu’ici la pandémie n’existe pas, nous sommes en septembre 2020, et la pool party bat son plein.

Le parc national de Zion dans l’Utah, Etats-Unis

Après une bonne nuit de sommeil, un demi litre de café jus de chaussette, et un petit déjeuner susceptible d’enterrer un insulino-dépendant, nous voilà de nouveau sur le dos de notre monture direction l’Utah. Cette fois en direction du parc National de Zion. Au menu : un canyon rouge immense et luxuriant, un dénivelé de 1500 mètres et des formations rocheuses sédimentaires vieilles de 200 millions d’années. Un joyau pour les amateurs de géologie.

Contrairement au Grand Canyon que l’on surplombe, le parc national de Zion se trouve au sein du gouffre où s’écoule une rivière relativement glacée qui nous permettra de palier à l’absence de douche dans le camping du parc. Mais entre nous, c’est quand même plus sympa de se doucher à la sauvage face à un groupe de biches (cf. la vidéo à la fin de cet article) plutôt que dans un local clos à l’hygiène douteuse. Nous n’aurons malheureusement pas le temps de nous aventurer sur la mythique randonnée, Angels landing, qui offre sensations et vues sur l’ensemble du canyon.

Une recommandation pour les plus téméraires puisque vous pourrez piétiner durant des heures le long d’une crête étroite derrière une foule pétrifiée par le vertige (facile à dire quand on ne l’a pas fait, n’est-ce pas ?). A noter que pour accéder aux entrailles du parc, il faut réserver une navette. L’accès est interdit aux véhicules privés.

« De là, vous accéderez à une multitude de randonnées plus surprenantes les unes que les autres » :

  • The Narrows vous permettra de tremper les pieds dans la partie la plus étroite du canyon où vous serez sujet à une mort certaine en cas de crue éclair (on vend bien le truc hein ?!)
  • Le Canyon Overlook trail, l’un des plus populaires, vous permettra de surplomber la vallée en seulement 2 kilomètres.
  • Pour les novices qui redoutent l’ascension, le Watchman trail permet d’apprécier la vue d’en bas, tranquille, au calme.
  • Similaire à ce dernier, le Pa’rus Trail part du camping et vous emmène sans encombre au cœur du canyon en suivant la Virgin river.

Bref, dans l’Utah, il y a de quoi faire pour les amateurs de marche et de vues à couper le souffle…

Le parc national de Bryce Canyon

Après une maigre nuit de sommeil cette fois, notamment due à une tornade de poussière intrusive dans notre tente, nous partons en direction du parc national de Bryce Canyon (encore une fois dans l’Utah, Etats-Unis). Nous embarquons notre ballot de bûches acheté la veille, histoire de se mettre des bâtons dans les roues, et aussi dans l’espoir que les feux soient autorisés à Bryce Canyon puisque des températures négatives nous y attendent…

Après une paire d’heures de route, c’est avec joie que l’on confirme la possibilité d’allumer le feu. On n’aura pas fait le tour des USA avec un stère de bois sur la moto pour rien… Nous avons décidé de rester deux nuits ou plutôt, les disponibilités dans les campings de chacun des parcs ont décidé que l’on resterait deux nuits. Après une première nuit fraîche mais régénératrice, nous partons à la découverte de Bryce Canyon.

Cette fois, le parc est très similaire au Grand Canyon. Les routes d’accès surplombent le trou et on ne découvre la vue qu’une fois au bord du précipice. C’est assez unique et on ne regrette pas les 12 heures de route associées aux douleurs du postérieur. Nous passerons la journée entière à arpenter les flancs du canyon. Nous nous aventurerons même dans une randonnée au cœur des cheminées de fée (appelées hoodoos) qui constituent l’attraction principale et font la renommée du parc. C’est un peu comme se balader au cœur d’une forêt de statues… phalliques.

A savoir

Il y a deux points de vue principaux : Sunset et Sunrise. Marcher le long du canyon vous en mettra plein la vue quelle que soit l’heure. Le cœur du parc est en forme d’amphithéâtre, et c’est de son sommet que vous pourrez emprunter les chemins de randonnée.

Pour les campeurs, le Visitor center est doté du nécessaire, de la douche à la machine à laver, en passant par le token dont vous aurez besoin pour utiliser ces services. Il y a aussi une petite supérette qui vend quelques bricoles à manger… L’idéal reste cependant de faire le plein à l’extérieur du parc, surtout lorsqu’on n’est pas fan du combo chips / sandwich à 20 balles.

En route vers le Far West

Trois nuits de camping dans les pattes et la jauge des parcs nationaux au max, nous voilà en route vers le Lake Powell, cette fois à la frontière entre Arizona et Utah. Cela dit, il y a quelque chose qui nous chiffonne. Nous en sommes à la moitié du voyage et les pneus n’ont toujours tâté la piste. Pas de chute, pas de petite frayeur, même pas une petite glissade… RIEN. C’est donc dans cet état d’esprit que nous roulons vers le Far West.

Cette portion de route, la 89, commence vraiment à nous plaire. Les paysages sont désertiques, la terre est rouge, et de nombreux chemins se dessinent à droite et à gauche. Ni une ni deux, nous voilà déviés de notre trajectoire principale en direction du Grand Staircase-Escalante National Monument sur une piste en terre. Grand Staircase-Escalante National Monument, ce n’est pas un unique monument mais plutôt 800 000 hectares de terre. On ne s’y éternisera pas. Juste ce qu’il faut pour quelques images de drone et de quoi nous sentir mieux dans nos bottes (off-road). 

Pour ceux qui envisagent vraiment de le visiter, sachez que ça vaut le détour. C’est gratuit, c’est géant, il y en a pour tous les goûts : des cascades, des formations géologiques uniques, des canyons, des arches, des pistes en terre, sable, ou rocher, des chemins de randonnée… La Highway 12 est généralement la porte d’entrée du monument. Une trajectoire qui se combine parfaitement avec une exploration profonde de l’Utah.

Le Lake Powell

Après notre petit détour, le plan est de se baser au lac Powell pour visiter ses alentours, se baigner dans le Colorado et pourquoi pas, faire une petite descente en canoë façon Into the wild. Bien que le lac Powell représente la deuxième réserve artificielle d’eau des USA, il est difficile d’en apprécier sa taille puisque ses rives sont découpées en de nombreux canyons. Tout de même 3136 km de rivages (donnée obtenue après 5 heures de tracé sur Maps).

Nous nous basons donc à Wahweap ou « eaux saumâtres » en Amérindien. Au départ, on est un peu dans le doute. Il faut dire que la zone semble légèrement hostile quand on y arrive sous 35°C en plein soleil à 3 heures de l’après-midi. On sera vite rassuré après avoir réalisé que l’on vient de traverser la frontière Utah / Arizona… On va enfin pouvoir acheter du vin. Et oui, nous l’aurons appris à nos dépens : dans l’Utah, Etats-Unis, les boissons alcoolisées de plus de 4° ne sont vendues que dans des liquor stores. Et autant vous dire que dans les parcs nationaux et le désert, les liquor stores ne courent pas les rues… L’abus d’alcool étant dangereux pour la santé, il en va sans dire.

Quelques infos à savoir

Pour accéder aux rives du lac Powell, il faut s’acquitter d’un montant de $30 par véhicule, $25 pour les motos. L’entrée est ensuite valable 7 jours. De notre côté, nous avons utilisé le fameux pass des parcs nationaux ($80 l’année pour accéder à n’importe quel parc dans tous les USA). Vite rentabilisé.

Pour le camping, le tarif est de $30/nuit également. Il y a des douches, des machines à laver, une supérette et c’est à peu près tout. Le strict nécessaire, juste ce dont nous avions besoin. Pour davantage d’animations, il suffit de rouler une quinzaine de minutes jusqu’à Page. C’est ici que vous pourrez admirer le barrage du Lake Powell, un sacré morceau de béton. Vous trouverez aussi des hôtels et davantage d’informations sur les activités disponibles aux alentours. Antelope Canyon et Horseshoe Bend…

Vue sur Horseshoe Bend en Arizona

Revenons à notre aventure. Comme notre petite virée sur piste de la veille ne nous a pas rassasiés, nous décidons de nous aventurer dans les entrailles du lac Powell. On espère pouvoir accéder à une rive secrète, rien que pour nous. Cette virée résultera en une paire de chutes dans le sable (cf. la vidéo) et ni plus ni moins qu’une étendue d’eau saumâtre. On aurait dû faire confiance aux Amérindiens… Une version moins dépeinte de cette aventure : rouler seuls au milieu des canyons, libres comme l’air, c’était top (cf. again la vidéo à la fin de cet article). On finira cette journée sur les rotules… Après un coucher de soleil sublime au-dessus du Horseshoe Bend (la plus belle vue selon nous).

Le bouquet final : la descente du Colorado

Pour notre dernier jour en Utah, on a décidé de prendre le large. Abandonner l’asphalte pour un peu de vie sur un long fleuve tranquille. Vous l’avez deviné, après l’avoir surplombé à plus de 300 mètres la veille, nous voilà sur le Colorado. Plusieurs compagnies offrent l’expérience, nous avons opté pour Kayak the Colorado. Il faut d’abord se rendre à Lees ferry qui se trouve à une soixantaine de kilomètres au sud de Page. De là débute l’aventure.

La première partie consiste en une bonne heure de bateau pour arriver 15 miles plus haut, au niveau du barrage de Page. Sur le bateau, la croisière s’amuse. Chaque virage dans le canyon est accompagné d’une vue impressionnante, on se sent tout petit entouré de ces immenses falaises. Une fois au barrage, vous avez le choix de vous jeter à l’eau et d’entamer votre descente… Ou de continuer, et de vous mettre à l’eau un peu plus bas.

La rivière coule à 3 miles par heure en son point le plus rapide qui est aussi l’endroit emprunté par les véhicules motorisés (du coup, pas forcément celui où l’on veut se trouver). Cela représente donc 5 heures non-stop de descente à partir du barrage. Pour des données plus réalistes, en comptant quelques pauses et une trajectoire approximative, il faut compter 8 à 9 h. Du coup, on a fait le choix d’une descente plus tranquille. On a rebroussé chemin en bateau et on s’est arrêté au checkpoint à 6 miles (pour environ 6 heures de descente). Parfait pour ne pas finir dans le noir. Le navire principal nous abandonne, et nous laisse seuls avec notre paddle et kayak. On a vogué ainsi toute la journée sur le Colorado, son eau translucide, et ses nombreuses truites arc-en-ciel.

vue depuis le Colorado au niveau de Horseshoe Bend en Arizona

Question tarifs

Pour les amateurs de pêche, l’endroit est très préservé. Si ça vous tente, il faut simplement vous doter du permis journalier (une trentaine de dollars).

En parlant de dollars, le coût de cette expédition n’est pas moindre. Si c’était à refaire, je le ferais encore et encore cela dit ! La navette jusqu’au barrage est à $75/personne et la location du navire de votre choix est aux alentours de $30/personne/jour. Je précise par jour car il est possible de camper sur les rives à la Bear Grylls. Il faudra prévoir tout le nécessaire en termes d’équipement et de provisions. On recommande vraiment si vous en avez la possibilité. Et si vous êtes un petit aventurier dans l’âme !

La fin d’une belle aventure en Utah, Etats-Unis : camping sauvage dans la Glen National Recreation Area

Nous finirons notre aventure par une nuit de camping sauvage. Le lieu, splendide, nous a été recommandé par le pilote du bateau. A quelques kilomètres du Lees Ferry, au détour d’un portail le long de la route et d’un chemin de terre.

Pour les plus curieux, n’hésitez pas à regarder notre vidéo ci-dessous. C’est un bon résumé de tout ce qu’on vous raconte ici. Pour plus d’infos, n’hésitez pas à poser vos questions en commentaire.

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