Après avoir arpenté la Patagonie, une région du globe particulièrement venteuse, on a développé quelques techniques pour rouler à moto par grand vent en toute sécurité (comme pour rouler sous toutes les conditions finalement !). On partage ici quelques conseils pour braver la tempête et continuer le voyage en moto, sans trop se fatiguer.
Les dangers du vent à moto
Le premier conseil que l’on peut vous donner est d’éviter le vent autant que possible. Vérifier les conditions météorologiques en amont de votre petite escapade, et planifier en conséquence. Décaler son voyage d’un jour permet parfois de passer entre les mailles du filet.
Pour vérifier la météo, on adore l’application Windy. Vraiment précise et interactive.
Si vous êtes sur un plus long voyage en moto, et que vous n’avez pas l’option d’éviter le vent, vous trouverez dans la suite de cet article quelques conseils pour limiter la fatigue nerveuse et physique, et limiter les risques de perte de contrôle inhérents à la conduite par grand vent. Aussi, on part du principe que votre moto est bien entretenue.
De manière générale, côté posture…
Essayez de garder une posture relaxée autant que possible. Contracté mais pas forcément crispé. Pensez à basculer le bassin vers l’avant pour préserver le bas de dos et ne pas finir avec un lumbago. Si la situation s’éternise, n’hésitez pas à faire des pauses. Répartissez la tension sur l’ensemble des muscles de votre corps. Contractez les abdos et serrez le réservoir entre vos genoux pour diminuer la tension exercée sur le haut du corps.
Comment rouler à moto quand il y a beaucoup de vent de face ?
On est d’accord, il est rare de rouler parfaitement face au vent. A moins d’avoir une ligne droite de 200 bornes et un alignement parfait des astres… Cela dit, lorsque cela arrive, que devez vous faire ?
Si le vent est de face, il faudra se faire tout petit derrière son saute-vent. En fonction du modèle de moto, le pare-brise est plus ou moins grand, et l’ergonomie plus ou moins étudiée. Sur les gros trails, destinés à faire pas mal de bornes, l’ergonomie est généralement bien développée pour fournir un plus grand confort au pilote. Néanmoins, si vous êtes à l’aube d’un gros roadtrip ou que votre moto n’en est pas équipée, on conseille d’investir dans une bulle haute ou un saute-vent. Généralement mieux conçus, plus grands et parfois réglables, ils permettent de s’adapter à toutes les situations et à tous les types de conduite (assis sur la route, debout sur les pistes). Les profils sont généralement plus anguleux et travaillés pour assurer une meilleure déflection de l’air. C’est aussi idéal pour les personnes au gabarit plus imposant.
Vent de face, avec une moto de grosse cylindrée et une bulle haute, la seule différence, ce sera la consommation d’essence finalement… Pour la Super Ténéré, on passe d’environ 5,8L/100km sans vent à 7,5L/100km avec un vent de face. Soit une augmentation de 30 %. Cela dit, ces chiffres sont parfaitement aléatoires puisque finalement, ils dépendent aussi de votre vitesse et de la vitesse du vent auquel vous êtes confronté.
Pour les motos plus légères, pas forcément adaptées aux longues distances et au Touring, un petit saute-vent fera aussi la différence. Poignée de gaz en coin, le pilote pourra se coucher sur son réservoir pour ne pas se faire remuer dans tous les sens et finir avec un torticolis. Faute d’ergonomie, ce sera au pilote de « s’ergonomiser ». Vous l’aurez compris, les roadsters ou les motos de petites cylindrées ne sont pas idéales lorsqu’il y a du vent.
Rouler à moto… le vent en poupe (de dos)
Pour le vent de dos, c’est que du bonus : la moto vole et le pilote se sent tout léger. Dans ce cas, la consommation d’essence diminue. C’est tout bénef’. Il y a une sensation d’aspiration comme lorsqu’on se retrouve derrière un véhicule volumineux type camion. Pas de technique de pilotage particulière à recommander. Profitez-en, tant que ça dure… Car ça ne dure jamais bien longtemps.
Les techniques de pilotage à moto avec des vents latéraux (de côté)
On rentre ici dans le vif du sujet. Avec des vents latéraux qui soufflent sans répit, des grosses rafales qui te déportent sans crier gare. Après plus de 30 000 bornes sous toutes conditions climatiques, on a conclu que rouler à moto par grand vent latéral, c’est pire que de rouler à moto sous la pluie ! On est constamment en tension et, plus on roule, plus on se crispe. Ajoutez à cette combinaison déjà gagnante un froid polaire et vous pourrez difficilement dépasser la barre des 200 bornes. Cela dit, on a développé quelques techniques pour se préserver de la fatigue et conserver une trajectoire stable…
Un vent régulier
Lorsque le vent latéral est constant et qu’il n’y a pas de rafale, on prend simplement appui contre le vent pour ne pas être déporté et ainsi conserver sa trajectoire. Et il y a globalement deux techniques que l’on peut alterner à sa convenance :
- Basculer la moto en poussant le guidon du côté où le vent souffle. Si le vent souffle de droite, on pousse le guidon à droite, ce qui a pour effet de pencher la moto vers la droite. La force avec laquelle on pousse sur le guidon est proportionnelle à… la force du vent ! A noter que pousser le guidon à droite aura le même effet que tirer le guide à gauche. Mais il est moins fatiguant de pousser sur un guidon que de le tirer, surtout si vous la moto est lourde.
En complément de ce travail effectué sur le guidon pour basculer la moto, pensez à utiliser vos cale-pieds. Si vous penchez la moto à droite à l’aide du guidon, appuyez sur le cale-pied droit vous donnera un bon coup de main (ou un bon coup de pied ?). - Désaxer son buste dans la direction où le vent souffle. On précise que c’est moins efficace et que ça fonctionne lorsque le vent est relativement faible… L’idée est de décaler le centre de gravité du duo moto/pilote pour contrer le déport créé par le vent latéral. C’est un petit peu comme le déhancher en courbe.
Le désavantage de cette technique c’est qu’on n’est plus forcément protégé par la bulle. Du coup, on prend tout l’air dans la face. Finalement, cette technique est intéressante à combiner avec la première… Notamment lorsque l’on doit parcourir des bornes. Histoire de préserver ses forces.
Plus généralement, on évite une conduite agressive, avec de grandes accélérations et de grands freinages. On roule plus lentement en étant un poil plus attentif et vigilant. N’hésitez pas à utiliser le frein moteur, souvent plus délicat que notre main sur le levier.
Les rafales à moto
Pour les rafales à moto, je dirais que l’important c’est surtout notre positionnement sur la chaussée. Pour ne pas se retrouver dans le ravin à droite ou sur la voie opposée avec un camion en pleine face… Par sécurité donc, il faudra naviguer dans le quart de voie centrale, du côté où le vent souffle.
Si le vent souffle de droite, en naviguant sur le quart de voie centrale à droite de la chaussée, il reste toute la moitié gauche pour rectifier la trajectoire en cas de déport dû à une rafale puissante. Et si le vent s’affaiblit soudainement, notre action sur le guidon (qui visait initialement à contrer le vent) aura pour effet de nous dévier vers la droite… Mais il restera alors le quart droit extérieur de la voie pour corriger la trajectoire. C’est un zigzag savant et perpétuel !
Comment dépasser à moto par grand vent ?
On aborde le sujet épineux des dépassements à moto avec du vent.
Déjà, et autant que possible, on les évite ! Mais sur l’interminable et venteuse route 40 en Argentine, il n’est pas question de rester derrière un poids lourd durant les 300 prochains kilomètres. Alors on se lance, avec l’exemple d’un vent qui souffle de droite.
A l’approche du véhicule à doubler, le vent latéral s’amenuise. C’est la dépression du véhicule en mouvement qui crée une aspiration. Idéale pour entamer le dépassement, c’est comme un petit coup de gaz supplémentaire. Une fois le dépassement entamé, le vent cesse complètement puisque le gros véhicule fait barrière. C’est précisément ce qui rend les dépassements dangereux. En plus d’être sur la voie opposée, on se confronte à une reprise brutale du vent une fois le véhicule dépassé… Pour diminuer les risques de déport en fin de dépassement, on a quelques conseils / techniques :
- accélérer légèrement au moment de se rabattre
- pencher la moto à droite avant de se rabattre pour reprendre appui contre le vent
- serrer franchement le réservoir entre ses genoux et appuyer sur le cale-pied droit
- gainer l’ensemble de son corps pour ne pas se laisser surprendre
Si le vent souffle de gauche, le déplacement est moins critique car il n’y a pas de rupture brutale du vent. Il suffit de prévoir une marge de distance plus grande entre le véhicule à dépasser et soi-même.
Comme pour les véhicules que l’on dépasse, certains objets agissent comme des coupe-vents et entraînent une rupture d’appui. Soyez prudents à l’approche des rails de sécurité par exemple, des tunnels ou d’un relief vallonné sur le bas côté…
L’équipement moto à privilégier
Comme son nom l’indique, tout équipement coupe-vent est à privilégier ! Un casque intégral bien ajusté est idéal. Pour limiter les désagréments auditifs, vous pouvez aussi utiliser des bouchons d’oreille adaptés à la conduite. Ils permettent de filtrer le bruit du vent sans pour autant réduire les bruits de circulation utiles au motard. Si vous roulez en duo, avec un système de communication, ce n’est pas l’idéal cela dit…
Evitez les équipements trop courts, pas forcément hermétiques, et qui laissent passer l’air. Choisissez des tenues ajustées et adaptées à votre morphologie. L’idée est de limiter la prise au vent. Les équipements qui volent dans tous les sens sont à proscrire. Rien de plus désagréable qu’une capuche bouffante qui vous met sans cesse des petites claques dans la nuque !
Finalement, rouler à moto par grand vent est une technique de pilotage intéressante. Alors, la prochaine fois qu’il y a du vent, au lieu de souffrir et d’attendre que ça passe, essayez de penser à tous ces petits gestes que vous pouvez mettre en place pour faciliter votre expérience… Pensez aussi à les alterner et vous verrez votre endurance augmenter. Enfin et surtout, soyez prudent !
2 Commentaires
Guy Roland KOMAN
11 avril 2024 at 12 h 25 minMerci pour les conseils.
Max
13 avril 2024 at 18 h 15 minDerien ! Merci pour le commentaire.