Au cours de notre grand voyage en Amérique latine, du sable, on en a rencontré… Ici, on vous partage quelques techniques de pilotage off road, essentielles pour rouler dans le sable à moto, plus particulièrement avec un gros trail voire maxi trail.
Petit plus : retrouvez une vidéo explicative à la fin de cet article, venue tout droit du parc national de Joshua Tree 😉
Pourquoi est-ce difficile de rouler dans le sable à moto ?
Au premier abord, le sable est intimidant. Le guidon bouge de gauche à droite, et l’instinct nous invite à l’agripper très fort avant de planter les freins ! Une réaction tout à fait humaine qui aura malheureusement pour seul effet de nous envoyer au tapis.
Rouler dans le sable à moto, c’est difficile parce que c’est une surface instable et changeante. La conduite est moins prévisible. Aussi, parce que
- On manque de stabilité : le sable est mou et instable, ce qui rend difficile de maintenir la moto stable. Les roues glissent et creusent le sable, ce qui provoque des pertes d’équilibre.
- Plus de résistance : le sable crée une résistance supplémentaire, ce qui signifie que la moto doit « travailler plus” pour avancer. Cela entraîne une perte de puissance accompagnée d’une augmentation de la consommation de carburant.
- Direction imprévisible : en raison de sa surface instable, le sable peut causer des changements soudains de direction, ce qui peut être difficile à anticiper et à contrôler.
- Enlisement : les motos lourdes comme les gros trails ont tendance à s’enliser dans le sable. Encore plus lorsque l’on roule à faible vitesse. Il est parfois difficile de redémarrer, et on peut avoir besoin d’assistance pour repartir.
Globalement, la conduite dans le sable demande une certaine expertise et une adaptation de la technique de conduite pour surmonter les défis inhérents à ce type de terrain. Dans les grandes lignes, il est recommandé de maintenir une vitesse constante, d’éviter de freiner brusquement et de garder une position de conduite plus détendue pour permettre à la moto de flotter sur le sable. Voyons ça en détail, plus bas !
Comment rouler dans le sable avec un Gros Trail ?
1. A quelle vitesse ?
Dans le sable, la vitesse est votre alliée ! Oui, plus vous roulez lentement, plus il est difficile de contrôler la moto. Il est ainsi conseillé de maintenir une vitesse constante pour délester la roue avant, et l’empêcher de s’enfoncer.
Ralentir est acceptable dans les sections difficiles mais on conseille de jamais couper complètement les gaz. Garder un léger filet de gaz permet de maintenir la roue avant légère.
Lorsque du sable s’accumule sur un côté de la roue, le guidon se bloque du côté opposé. En ralentissant, on transfère plus de poids à l’avant, et l’effet s’accentue, ce qui provoque un enfoncement de la roue. On perd l’équilibre et on finit… au sable !
Chose qui arrive régulièrement, sachez-le. Du coup, pensez à un bon équipement pour le pilote, mais aussi pour la moto. Au minimum, de bonnes barres de protection.
2. Avec quelle position adopter ?
En ce qui concerne la position, il est crucial de se tenir debout sur les repose-pieds. La plupart du travail dans le sable est effectué avec les jambes. La posture idéale : des bases solides, la plante des pieds sur les repose-pieds, et les talons en position basse pour influencer au mieux le châssis et corriger les trajectoires en cas de perte d’équilibre. Comme lorsqu’on se tient debout dans la vie finalement, la majorité de notre poids est répartie sur les talons, là où on a le meilleur équilibre.
Pareil pour tourner : on utilise nos appuis sur les cale-pieds et on évite de tourner le guidon. En effet, tourner le guidon a pour effet d’enfoncer la roue avant dans le sable (ce qui a pour conséquence, vous le savez maintenant, la chute). On utilise plutôt une technique de transfert de masse en appuyant à gauche et à droite sur nos cale-pieds. Et toujours, maintenir fermement le chassis de la moto entre vos jambes, éviter de les décoller. Au niveau du buste : vous pouvez rester neutre et détendue, pour amortir au mieux les variations du terrain et les changements de trajectoire.
3. Freinage, levier d’embrayage… Que faire des commandes ?
Les commandes jouent elles-aussi un rôle essentiel. Le frein arrière devient votre allié, on oublie le frein avant. Soyez souple sur la pédale, et évitez d’utiliser le frein moteur qui lui aussi, a pour effet de transférer le poids vers l’avant. L’utilisation du levier d’embrayage vous permettra d’inhiber au maximum le frein moteur dans la reprise des gaz. Les démarrages s’effectuent en seconde, pour limiter le couple et éviter l’enlisement de la roue arrière.
Une fois que vous avez acquis de l’élan, relâchez complètement le levier et conservez votre vitesse sans jouer dans la zone de friction du levier. Comme la roue arrière patine beaucoup dans cet environnement, l’embrayage est plus vulnérable et s’use plus rapidement.
4. Dégonfler ou ne pas dégonfler les pneus dans le sable ?
Contrairement à ce que l’on entend, on ne recommande pas de dégonfler les pneus lorsqu’on quitte l’asphalte. Pourquoi ? Parce qu’on considère plus important de faire confiance à ses compétences de conduite plutôt qu’à la pression de ses pneus.
Lors de notre voyage de 40 000 km en Amérique latine, la pression de nos pneus était maintenue à 2,5 bars à l’avant et 3 bars à l’arrière… Quel que soit le terrain. Parce qu’on était deux et chargés, et je ne voulais pas prendre le risque de plier une jante en plein milieu de nulle part. Aussi, ça m’a permis de gagner du temps (et de l’énergie) ! Bien sûr, dégonfler les pneus augmente la surface de contact avec le sol, améliorant ainsi la traction… Mais de mon côté, lors d’un voyage qui mêle asphalte et tout-terrain, je préfère ne pas changer la pression.
Par contre, le choix du pneu lui-même est important : les pneus à crampons sont parfaits pour le sable (QUE le sable) et les pneus mixtes offrent quant à eux un compromis idéal pour les maxi trails qui parcourent différents terrains.
Dernier conseil : l‘entraînement comme clé de la réussite !
Comme pour n’importe quel terrain, l’entraînement est essentiel pour surmonter les limites et les peurs que l’esprit nous impose ! Avec le temps, les mouvements du guidon deviennent agréables. Mettez-vous en selle, affrontez le sable, tombez si nécessaire, relevez-vous et continuez à rouler. Avant d’apprendre à bien rouler dans le sable, sachez qu’on a appris à tomber dans le sable… et à plusieurs reprises ! L’avantage du sable, c’est qu’il est mou. En cas de chute, les blessures sont souvent minimes… En plus, avouons-le, on ne va pas très vite avec nos gros trails.
L’attitude à moto dans le sable est cruciale. Le terrain exige confiance et détente. Respirer profondément et se détendre permet de conduire en douceur, surtout quand on est entouré de magnifiques paysages.
On l’a évoqué rapidement dans l’article, on vous invite à creuser le sujet : découvrez comment préparer votre moto au off road, et nos astuces pour débuter le off road à moto.
2 Commentaires
Philippe QUERO
10 mai 2024 at 18 h 48 minIntéressante cette approche de ne pas dégonfler…surtout si on tient à ses jantes !!….effectivement parfois sous le sable il y a des pavés 😉
Et bravo pour vos sujets …
Bonnes et belles routes
Philippe
Max
13 mai 2024 at 9 h 49 minSalut Philippe, disons que dans notre cas c’était surtout parce que nous ne faisions pas 100% de sable mais plutôt des alternances de piste et d’asphalte… Puis on était sacrément chargé. Dégonfler présente un intérêt certain mais il faut toujours peser le pour et le contre. Avec le recul il y a certainement quelques situations où dégonfler nous aurait probablement évités de tomber 🤣